samedi 18 juillet 2015

Mon avis sur "Les dieux sont vaches" de Gwendoline Hamon

"Les dieux sont vaches" est le premier roman de Gwendoline Hamon, actrice, metteur en scène et petite-fille de Jean Anouilh.
Ce livre bien que romancé est en fait un hommage rendu à sa maman partie trop tôt, rongée par une saleté de cancer. Il est aussi un témoignage de ses derniers instants vécus ensemble.

Caroline croyait aux énergies, aux forces divines et souterraines, aux médiums étranges. Mariée très jeune, elle a eu des enfants, des amants, des rêves... Elle suspendait un pendule au-dessus de la tête de ses futurs gendres et imaginait des prénoms d'Indiens pour ses petits-enfants. Elle était singulière, merveilleuse et quelquefois cruelle.
Quand rentrant de New York, Zélie apprend que sa mère est gravement malade et que les médecins ne lui laissent que huit jours à vivre, son monde s’écroule. Pourtant Zélie entourée de son père et de sa sœur, va entrer en guerre. Elle va tout mettre en œuvre pour que sa maman qui nie sa maladie, ne sache rien de la gravité de son état. Elle va se battre, lutter contre sa peine et  s'efforcer de rendre ces huit petits jours (qui finalement dureront soixante-neuf jours) les plus doux possible. Elle rassurera sa mère, allègera sa souffrance, s'entourera pour ce faire des bons médecins, préviendra les bons amis et ensemble diront à cette femme en partance, tout ce qu'ils ont à lui dire et surtout combien ils l'aiment.
Il a fallu organiser cette semaine épouvantable pour que maman ne s'affole pas. Prévenir les quelques membres de la famille proche, les meilleurs amis. Nous ne pouvions pas autoriser n'importe qui à lui rendre visite, elle aurait facilement compris que quelque chose ne tournait pas rond et nous en aurait voulu atrocement. Et puis il fallait que les visiteurs soient assez intimes avec elle pour qu'elle accepte d'être vue dans son lit, sans fards. (p. 63).
Avec "Les dieux sont vaches" Gwendoline Hamon nous livre avec humour, sans jamais être larmoyante, ni sombrer dans le pathos, le portrait de sa mère à qui elle voue une admiration et un amour incommensurables, cette femme fantasque, exubérante et si attachante. 
En outre, ce livre est un joli témoignage des relations mère - fille, qui nous renvoie forcément à celles que nous entretenons avec notre propre mère, voire avec notre propre fille.
 - Je t'aime maman, tu sais...
Et là miracle... D'une petite voix fluette et sourde elle me souffla :
- Moi aussi je t'aime ma chérie, je t'aime plus que tout. Je ne savais pas que tu étais si généreuse, si douce, que je comptais tant pour toi. Tu es mon bébé, mon petit bébé.

Puis elle prit mon visage entre ses mains osseuses et l'embrasse goulûment comme on bouffe son nouveau-né.
Ce fut un moment de grâce entre elle et moi. J'aurais pu me dire "tout ça pour ça", mais j'ai pensé "ça y est, elle m'aime enfin pleinement. Je vais être délivrée, guérie".
Ce n'est sans doute pas par hasard si cet irrésistible besoin d'être aimée a dévoré mon existence. Je venais d'avoir la réponse à mes interrogations, la récompense à ma quête maladive. La forme à ce moment précis qu'avaient prise ces trois mots "je t'aime" m'avait réconciliée avec la névrose infantile qui me suivait depuis toujours. Me mère m'aimait, je n'étais pas née pour rien. (p. 197-198).
Gwendoline Hamon indique en préface que ce récit est sorti avec une volonté d'expier une culpabilité enracinée au plus profond d'elle-même et de la délivrer d'une douleur. Elle dit qu'elle nous le livre sans pudeur, sans peur.
Je ne sais pas si l'auteure sera parvenue à expier sa culpabilité, mais ce dont je suis certaine c'est qu'elle nous livre un témoignage poignant que toutes les filles voudraient pouvoir livrer à leur mère et que toutes les mères voudraient voir livré par leur fille.

Et oui, parfois, les dieux sont vaches...

Bonne lecture !

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