lundi 16 mai 2016

Mon avis sur "Ciel d'acier" de Michel Moutot

Parce que certains évènements sont à jamais gravés dans nos mémoires, je suis certaine que si je vous demandais de me dire ce que vous faisiez le 11 septembre 2001, de suite vous sauriez me répondre. Michel Moutot, reporter à l'Agence France Presse a couvert les attentats du 11 septembre. Avec Ciel d'acier, son premier roman, il nous livre l'histoire fascinante des Indiens Mohawks, les bâtisseurs de l'Amérique, les ironworkers ou les skywalkers, ces ouvriers qui construisent les gratte-ciels et autres ponts et structures métalliques. Ces hommes ont été rendus visibles grâce à la célèbre photo "Lunch atop a Skycraper".

Déjeuner en haut d'un gratte-ciel - 1932

Ciel d'acier s'ouvre le 12 septembre 2001 par une narration très journalistique du déblaiement des Twin Towers écroulées. John LaLiberté dit Cat, a grandi bercé par l'histoire de l'édification des tours jumelles, la signature, la fierté d'une génération d'ironworkers. Tout comme ses ancêtres Mohawks, Cat est skywalker. Il travaillait sur un chantier à NYC lorsque les tours se sont effondrées. Sous le choc, Cat se rend spontanément à Ground Zero, propose son aide aux sauveteurs. Afin de rendre accessible les décombres, il est chargé avec quelques autres de couper les poutres métalliques qui forment au lendemain de cet innommable attentat un gigantesque mikado d'acier. 
"Dedans" c'est dur, épuisant, effrayant, dangereux, mais nous nous sentons plus qu'utiles : indispensables, admirés, investis d'une mission patriotique, sacrée, presque divine !. "Dehors", une fois passée la joie de retrouver les siens, la vie ordinaire semble fade, mièvre, médiocre, sans importance. "Ils ne savent pas, ne peuvent pas comprendre. Il faut avoir vu." (p. 224)

Nous voici propulsés au cœur de ce New York meurtri, blanchi par les cendres, à la recherche d'éventuels survivants. Nous suffoquons avec ces hommes dont l'air est devenu irrespirable, nos semelles fondent de marcher sur ces ruines brûlantes, nous sommes embarqués dans un univers apocalyptique. Mais au-delà de ce drame particulièrement bien narré et extrêmement documenté, nous voici embarqués à la découverte de l'univers de ces bâtisseurs que sont les Mohawks dont la (fausse) légende veut qu'ils ne connaissent pas le vertige. Plus d'un siècle avec ces indiens. D’un chapitre à l’autre, on va et vient tout au long de cette dynastie de constructeurs. L'industrialisation, l'apparition de l'automobile et l'augmentation du trafic vont modifier les déplacements. De nouvelles voies sont à ouvrir pour relier les grands lacs canadiens et américains à la côte atlantique. La construction de nouveaux ponts s'impose. D'abord en bois, puis en acier. Des ponts aux gratte-ciels, les Mohawks ont su se rendre indispensables grâce à leur expertise. Il ont su s'intégrer et évoluer tout en préservant leur culture. De père en fils, de génération en génération ce savoir-faire se perpétue. Les personnages, aux destins étalés sur plus d'un siècle, prennent vie à travers Jack LaLiberté, mort en construisant les tours jumelles, son fils Cat, qui les verra s'écrouler,  tout comme Manish Rochelle, le riveteur a vu le pont du Québec s'effondrer en 1907 et les siens périr.

Avec Ciel d'acier Michel Moutot nous raconte la passion de ces Mohawks qui ont participé à la construction de l'Amérique. Son roman fourmille de détails techniques et historiques. Information et fiction, rigueur et romanesque se marient à merveille.  
Ciel d'acier est tout simplement vertigineux ! C'est une fresque épique à découvrir de toute urgence qui a toute sa place dans la sélection Prix du meilleur roman des Éditions Points

Un vrai plaisir de lecture !

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