mercredi 15 juin 2016

Mon avis sur "Vous n'aurez pas ma haine" d'Antoine Leiris

Il y a des livres aussi bien écrits soient-ils, que l'on aimerait n'avoir jamais lus. Vous n'aurez pas ma haine est de ceux-là. Il y a des livres que leur auteur n'aurait jamais voulu écrire. Antoine Leiris est ce genre d'auteur. Pourquoi me demanderez-vous ? Tout simplement parce qu'Antoine Leiris a écrit Vous n'aurez pas ma haine pour faire face au trou béant qu'a laissé la disparation de sa femme, Hélène Muyal-Leiris, assassinée au Bataclan, le 13 novembre 2015. A la haine, Antoine Leiris a préféré la plume. Rappelez-vous, quelques jours après les attentats, son post sur sa page Facebook a fait le tour de la planète. Il a même fait la Une du Monde et de Der Spiegel. Bien qu'il ne les nomme jamais, c'est aux terroristes qui ont tué 130 personnes et blessé 352 autres, le 13 novembre 2015 à Paris, qu'Antoine Leiris s'adresse.

Accablé par la perte de celle dont il est éperdument amoureux depuis plus de douze ans et qui est la maman de leur petit Melvil, âgé de dix-sept mois à peine, Antoine Leiris n’a pas voulu donné sa haine à ceux qui ont volé la vie. Il n'a pas voulu leur faire ce cadeau. Répondre à la haine par la colère, ce serait céder estime t-il, à la même ignorance qui a fait d'eux ce qu'ils sont. Avec son fils, il veut être plus fort que toutes les armées du monde. Ensemble ils continueront à être libres. Point de haine, ni du papa, ni du fiston. Si Antoine Leiris a écrit ce livre c'est uniquement pour expulser tous les mots qui habitent dans sa tête, c'est pour les faire taire qu'il les tape sur son clavier, pour qu'ils cessent de se battre et le laissent dormir. Avec Vous n’aurez pas ma haine, il nous raconte comment, malgré tout, la vie doit continuer. C’est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu’il nous offre.  Vous n’aurez pas ma haine c'est aussi et avant tout un superbe hommage à sa femme. Une véritable déclaration d'amour. 
Sur le lit, ses affaires sont posées telles qu'elles le seront au moment de l'inhumer. En les aspergeant de parfum, il me semble les voir se soulever. Sur le tissu inanimé son corps se dessine peu à peu. Ses épaules fragiles, ses jambes, ses mains, ses fesses, ses seins. Elle est là, toute à moi.
Je m'allonge auprès de ce corps, invisible. Son souffle caresse mon cou. Elle m'enlace. Pose sa main sur mon visage. Me dit que tout ira bien. C'est la dernière fois que nous pourrons nous aimer.
Vous n'aurez pas ma haine, c'est 139 pages de tendresse, d'amour et d'émotion. Un témoignage bouleversant, magnifiquement écrit, tout en dignité et en pudeur. Ils étaient trois. Ils sont et seront toujours trois. Une belle leçon de vie !

Belle lecture !

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